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Comme tout document rédigé, un rapport présuppose
un lien entre rédacteur et lecteur. La première intention
de l'auteur d'un rapport est précisément de rapporter une
entreprise à un destinataire spécifique, de rendre compte
de ce qui a eu lieu (ou aura lieu dans le cas d'un projet de recherche).
Contrairement à la dissertation ou à l'essai qui visent
une réflexion générale, le rapport est un instrument
de travail destiné à un lecteur identifié qui peut
l'avoir sollicité ou commandé et s'en servira pour tirer
des conclusions pratiques et prendre une décision. Le rapport doit
de ce fait : décrire,
expliquer, justifier des choix et présenter des résultats,
faire progresser
la réflexion sur l'activité en question et faciliter la
formation d'opinion chez le lecteur. Vous exposez à quelqu'un ce
que vous avez fait (pour un rapport d'activité, de stage, de recherches
en cours). C'est donc en partie un compte rendu au sens propre du terme
: vous rendez des comptes du temps (et parfois de l'argent) que vous avez
employé à une certaine activité qui a pu être
décidée en accord avec le mandataire. Qu'ils soient préparés
pour le monde du travail ou pour celui de l'université, le rapport,
le mémoire, la thèse, le projet, la présentation
de recherches en cours appartiennent à la catégorie des
textes argumentatifs.
Les textes argumentatifs
Par-delà leur spécificité, les textes argumentatifs
doivent obéir à un certain nombre de principes qui ne semblent
pas particuliers à une langue ou à une culture. Ces principes
semblent lier l'auteur et le lecteur par un consensus. On parle de contrat
de lecture. L'auteur qui donne un document à lire s'engage à
respecter certains critères. Tout lecteur, directeur de projet,
éditeur, commanditaire d'un rapport d'expertise aceptera un texte
à condition que l'auteur respecte :
le principe
de la logique de la pensée, la cohérence de l'ensemble du
discours,
la logique thématique sans jamais sauter du coq à l'âne
le principe
de la cohésion de l'expression
le principe
de non-contradiction avec ce qui a déjà été
affirmé
la satisfaction
des attentes créées chez le lecteur (averti ou profane)
La ventilation
des différents aspects du problème pour qu'aucun des points
de vue essentiels ne soit omis.
le maintien
obligatoire, dans une même phrase, du point de vue choisi, sans
passer du point de vue de celui qui parle à celui de la personne
qui subit l'action
le respect
de la chronologie (de l'antériorité ou de la postérité)
dans l'exposé des faits.
exercice
Observez l'exemple suivant tiré de l'introduction d'un rapport
présenté à l'Assemblée nationale :
"J'ai choisi de centrer ce rapport sur le fonctionnement
des Centres culturels, ce qui nous a amenés à
aborder la question de leurs relations avec les Alliances françaises,
sans toutefois consacrer à ces dernières une étude
détaillée. Ce choix s'explique, non que je sous-estime
le rôle des Alliances mais parce que, bien au contraire, je
suis convaincu qu'elles constituent un élément majeur
de notre dispositif culturel à l'étranger qui justifierait
en lui-même un rapport complémentaire.
Que l'on ne se trompe pas sur mes intentions : le but de ce
rapport n'est pas de dénoncer et sanctionner. Il se veut
au contraire une contribution positive à la politique ambitieuse
du Ministre des Affaires étrangères en matière
de coopération culturelle. Il prône une clarification
des rôles des uns et des autres et aborde la question très
difficile de la réforme de l'État. Le ministère
des Affaires étrangères a eu le mérite d'engager
une réforme de son administration ; il lui faut maintenant
l'approfondir pour la faire aboutir. La volonté politique
est là mais elle ne saurait suffire ; toute réforme
est aussi une question de savoir-faire "
Rapport d'information sur "Les centres culturels français
à l'étranger", présenté à
l'Assemblée nationale par le député Yves Dauge,
le 7.02.2000. Pour le texte intégral :
http://www.assemblee-nationale.fr/rap-info/i2924.asp
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Destinataires du texte : Outre le lecteur non identifié
(qui accède au texte via Internet par exemple), on remarque
au moins 4 "destinataires", directs ou implicites : les
députés de l'Assemblée nationale, le Ministre
des Affaires étrangères, les Centres culturels français
à l'étranger et les Alliances françaises. Le
rapporteur établit un dialogue privilégié avec
certains d'entre eux en recourant linguistiquement : - à
l'affirmation directe ("J'ai choisi de
" emploi
de la première personne), - à la dénégation
("non que je sous-estime le rôle des Alliances mais
parce que
") - à la précaution oratoire
"Que l'on ne se trompe pas").
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