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Et ailleurs en Europe ? |
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Quelles sont les tendances ou les habitudes quand on rédige par exemple en anglais , allemand, italien ou espagnol? Si nous analysons les habitudes de rédaction de nos voisins européens et comparons les stratégies de la communication écrite en différentes langues européennes, nous constatons de manière empirique, un certain nombre de tendances. Les avis sont encore partagés car le problème est profond. D'abord parce qu'en changeant de langue, tout chercheur doit aussi changer de structuration de sa pensée. Deuxièmement, l'expérience montre que chez les rédacteurs, ces changements s'installent ensuite dans la langue maternelle ! On n'écrit jamais plus comme "avant".
1- En anglais le texte argumentatif est synthétique.
Le plan d'un texte anglais ("Linking") consiste en une série de paragraphes (3, 5, 10, peu importe leur nombre qui n'est absolument pas déterminé par l'habitude.) La succession logique de ces paragraphes, contrairement à la tradition française, n'est pas explicite, sauf peut-être dans l'orientation générale donnée dans l'introduction. L'auteur fait confiance au lecteur pour établir un lien dans la succession des idées et des thèmes traités. La logique est implicite. Un nouveau paragraphe présuppose l'acquis du précédent. Il se fonde sur cet acquis pour continuer mais NE LE DIT PAS. Le texte anglais laisse toute latitude au lecteur de glisser entre les lignes sa propre compréhension des choses et d'y apporter un sens individuell lié à son expérience. Le lecteur n'est pas verrouillé par des liens logiques limitant ses apports personnels et ses associations d'idées. Pour employer une métaphore de la maçonnerie, les pierres de la construction anglaise sont stables par elles-mêmes et tiennent "à sec". En français, le ciment est essentiel : les liens sont visibles (avec des termes comme "nous verrons d'abord ", "pour analyser ensuite ", "et aborder enfin ") Ne dit-on pas en français d'un dossier bien construit qu'il est "en béton" ? Un conférencier français vous dira qu'il se sent prêt quand il a son plan. Cela veut dire qu'il a fixé l'itinéraire où il va convier l'esprit de ses auditeurs/lecteurs à le suivre. Mais on suit le guide. On ne s'égaille pas dans les fourrés des jardins à l'anglaise ! En français, la clarté des paragraphes est exigée, comme en anglais, mais deux ou trois paragraphes doivent être reliés en une partie et chaque partie doit être justifiée explicitement par rapport à celle qui précède et à celle qui suit. En anglais, on suppose que le lecteur n'a pas oublié ce qui vient d'être dit. L'auteur anglophone évite de se répéter ou de perdre son temps en longueurs et précautions oratoires. Les lecteurs français trouvent ce style décousu, surtout si les paragraphes sont faits d'une succession de phrases de 3 lignes séparées par une ligne blanche. (L'horreur pour un lecteur français). Pour un Français, une présentation à l' anglaise suscite l'irritation parce que l'on ne sait pas où l'on va. C'est un repas dont le menu ne se trouve pas écrit à côté de l'assiette. Surprise continue, arbitraire total, pas de contrat d'attente passé avec l'auditeur/lecteur. Dans le meilleur des cas, ce dernier ne pourra adhérer à l'argumentation logique qu'a posteriori. Impossible, dans l'arbitraire de la présentation des pensées, de juger si l'auteur est au moins logique avec lui-même puisqu'il ne dit pas ce qu'il a l'intention de faire. Nous appelons sans aménité ces textes des mosaïques. Un lecteur habitué au "déstructuralisme" anglo-saxon trouvera en revanche notre procédé manipulateur, formel, dictatorial, digne de la méthode de Procuste! Pour la rédaction en anglais, en particulier pour les Sciences politiques, voir module 1: The 'Ideal' Research Proposal, texte du Prof. Philippe Schmitter, IUE, 2002.
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20/1/10
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