VII. Les
interférences avec la langue maternelle pour les hispanophones,
les italophones, les anglophones et les germanophones
Voici quelques exemples de constructions calquées et de faux-amis
dus à des interférences fréquentes avec la langue
maternelle.
A
l'usage des hispanophones
A
l'usage des italophones
A
l'usage des anglophones
A
l'usage des germanophones
A l'usage des hispanophones
Interférences
de genre :
el origen = l'origine (f.), une origine
un anuncio = une annonce
un parèntesis = une parenthèse
el agua = l'eau (f.) une eau
el calor (et tous les mots en -or)= la chaleur
la profesora = la professeure (pour une femme : orthographe non sexiste)
la leche = le lait
la cuenta = le compte (l'addition, f.)
la suerte = le sort
la duda = le doute
la pareja = le couple
Interférences
d'articles contractés :
a los = aux (non pas à les)
de los = des (non pas de les)
Contraction de l'article existant au singulier en espagnol :
al = au : voy al campo
del = du : vengo del campo
Interférences
des possessifs "sus" et des pronoms personnels :
- les/ su/sus. Le possessif s'applique en espagnol aussi bien
à un possesseur unique (son, sa ses ) qu'à plusieurs
possesseurs (leur, leurs).
- Les hispanophones remplacent souvent le pluriel leur/leurs
par ses par interférence phonétique avec le son espagnol
du possessif pluriel sus.
- Pour les pronoms personnels leur, lui (pronoms indirects de
la troisième personne), même interférence d'origine
phonétique :
Je leur ai dit de venir est souvent remplacé par Je
*les ai dit de venir calqué sur les he dicho que vengan/que
venieran.
Les relatifs :
La difficulté vient du fait que le relatif sujet qui a
une forme différente du relatif objet que. Dans les autres
langues latines (espagnol, portugais et italien) il y a une forme unique
(que/che). Voici les documents qui sont mis en annexe.
Les indéfinis :
Confusion entre chaque préféré par erreur
à tous/toutes : Toutes les expériences ont
donné les mêmes résultats.
Les prépositions :
Confusion fréquente entre par (por en espagnol)
et pour (para en espagnol).
Usage hésitant des prépositions entre, à, pour,
avec :
Cercano a = proche de
Aficionado a = amateur de
Incapaz para = inapte à
Inquieto por = inquiet de
Loco por = fou de
Contento con = content de
Café/arroz con = café/riz au
Sardines en = sardines à (l'huile etc.)
Les adverbes
et les connecteurs en général :
- D'abord est traduit par en premier lieu (calqué
sur en primer lugar)
- Depuis est mis à la place de ensuite par interférence
avec l'espagnol despues.
- On trouve, en calque de l'espagnol, l'expression *par autre part
qui n'existe pas en français à la place de par ailleurs
ou d'ailleurs.
Le groupe
verbal :
Avant le verbe, oubli fréquent des pronoms sujets (surtout dans
les phrases coordonnées) car ces pronoms ne se répètent
pas quand ils sont employés en espagnol.
Le participe passé est très difficile à maîtriser
car l'auxiliaire haber (avoir) sert à conjuguer en espagnol
les verbes pronominaux et les intransitifs. Les choses que nous nous
étions dites (que nos habiamos dicho). Nous sommes allés
(Hemos ido).
Les gérondifs : Le gérondif espagnol a une forme unique
identique au participe présent. Pas de différence entre
en lisant et lisant.
La concordance des temps :
- En espagnol le conditionnel comme hypothèse irréelle
se rend par le subjonctif imparfait ce qui n'est pas possible en français
: Si j'avais de l'argent je partirais en voyage = se tubiera dinero
.
- D'une façon générale, le rédacteur espagnol
a tendance à employer plus souvent le subjonctif que cela n'est
possible en français : Quand tu viendras = Quando vengas
(subjonctif).
A l'usage des italophones
L'interrogation
La
négation
Le groupe
verbal : - La concordance des temps et l'emploi du subjonctif sont
l'occasion d'interférences entre les deux langues : en italien,
le subjonctif est employé pour exprimer une opinion positive alors
qu'on la met à l'indicatif en français, réservant
le subjonctif pour l'opinion négative ou interrogative: Je pense
qu'il est malade/ je ne pense pas qu'il soit malade. .
- L'expression du futur dans un récit au passé se fait
en français avec l'aide du conditionnel présent ou du conditionnel
passé, s'il y a deux séquences dans ce futur du passé,
l'une étant antérieure à l'autre. Je pensais que
quand j'arriverais chez lui, il aurait déjà fini sa sieste.
(arriverais conditionnel exprimant le futur dans une histoire passée;
aurait fini conditionnel passé pour marquer l'antériorité
de la fin de la sieste à l'arrivée du personnage).
Les
pronoms personnels
- Un des premiers pièges pour un italophone est celui de l'ordre
inversé des pronoms personnels de la troisième personne
avec les verbes dire et donner et tout leur champ sémantique.
Ces verbes signifient toujours un échange d'objet ou d'information
entre deux personnes. Je le lui ai dit. Il la lui a donnée.
Nous la lui envoyons. Nous ne le lui dirons pas. La structure italienne
demande d'employer d'abord le pronom complément indirect lui
/ leur et en second lieu le complément direct le, la, les.
- Le français n'emploie plus (sauf pour les verbes faire
et laisser qui font bloc avec l'infinitif suivant) les pronoms
avant les demi-auxiliaires (semi-auxiliaires encore appelés verbes
modaux). On dit : Je peux te le donner et non Je te le
peux donner qui était possible au XVIIIème siècle.
Les
adjectifs et pronoms possessifs
Les
pronoms relatifs
- Le pronom relatif sujet qui est souvent confondu avec la forme
du relatif complément que car l'italien a une unique forme
(che) pour les deux fonctions.
Les prépositions
contractées avec l'article défini masculin (au, de)
sont souvent gardées dans une forme non contractée par interférence
avec l'italien al, del.
La comparaison
en français demande le pronom que: Il est plus grand
que son père (et non pas la préposition de calquée
sur le di italien).
Italianismes
fréquents, traduction de "beaucoup", les articles,
les prépositions "de/par", c'est/il est.
A l'usage des anglophones
Voici un petit aperçu des problèmes les plus fréquemment
observés dans les écrits des anglophones de niveau intermédiaire
et avancé :
Les articles
:
- tendance à confondre article partitif et complément de
nom
- difficulté à choisir entre l'article défini ou
indéfini . Ex. : J'ai choisi les cours de langues romanes par
opposition aux langues slaves.
- méconnaissance de la présence ou de l'absence de l'article
(dans les mises en apposition, les locutions).
Les adjectifs
:
- accord en genre et en nombre des adjectifs qualificatifs ainsi que
leur place
- accord des adjectifs possessifs et démonstratifs. Ex. : Je
revivais toutes ces soirées ennuyeuses passées dans l'ombre
de ma chambre.
Les pronoms
:
- usage des pronoms directs/indirects
- pronoms y et en et référence à
toute une proposition par l'un de ces pronoms. Ex. : Il ne voulait
pas s'attaquer à ce problème qui le perturbait car il devinait
qu'il ne s'en sortirait pas (cf. se sortir "de").
- usage des pronoms indéfinis (aucun, certains d'entre eux,
etc.) et relatifs (qui, que, ce qui, ce que, dont, où, lequel,
auxquelles, etc.).
Le groupe
verbal :
- concordance des temps du passé et maîtrise des temps
du récit et du discours. Ex. : Ils avancèrent vers moi et
je me demandais bien ce que j'avais pu leur faire.
- accords du participe passé, notamment du complément
d'objet direct ou des pronoms correspondants placés avant l'auxiliaire
avoir des temps du passé, mais aussi dans l'usage de la voix passive
et des verbes pronominaux. Ex. : Elle n'a pas aimé la robe que
j'ai achetée hier et que je me suis mise aujourd'hui.
- forme en "ing" en anglais et ses traductions en français
par les gérondifs et participe présent, mais aussi par l'infinitif.
Voir les différents cas: En montant l'escalier, grimpant les
marches quatre à quatre, il entendit sonner minuit.
- verbes suivis d'une préposition : les anglophones ont du mal
à se souvenir de la construction de certains verbes avec les prépositions
à ou de.
Ils font un large usage des participes présents et des gérondifs
sans que ces derniers renvoient toujours au sujet de la phrase où
ils se trouvent ; ex. : Il s'est cassé la jambe en faisant
du ski.
On note aussi que l'adjonction d'un verbe à l'infinitif après
la préposition les déconcerte. Ex. : Une nouvelle loi
visant à réduire le nombre d'heures de travail a été
promulguée.
- variation des expressions de temps dans le passage du discours direct
au discours indirect, concordance des temps en français et emploi
des modes (conditionnel, subjonctif, impératif, indicatif).
A l'usage des germanophones
Le groupe
verbal : Le piège majeur est celui de l'emploi
de l'imparfait à la place du passé composé.
- L'usage du subjonctif suscite des hésitations. Voir :
les 7 cas d'emploi du subjonctif.
Les prépositions
: Les prépositions à et de sont souvent
lexicalisées avec le verbe. Préposition de lieu (à,
en, dans), de direction (à, pour, vers, jusque, contre),
de voisinage (près de, auprès de, chez), d'origine
(de, dans), de position horizontale (devant, derrière,
avant, après, à côté de, par, à travers)
ou verticale (sur, sous, au-dessus de, au-dessous de), de temps
(à, en, dans, pendant, depuis, dès, après, avant,
au bout de) et de moyen (avec, par, pour, à).
Les pronoms
personnels : La place du pronom complément et des pronoms de
lieu et de partition y et en est avant le verbe sauf après
un impératif positif (Nous lui en donnons, donne-lui-en).
La succession des pronoms compléments est fixée ainsi :
les pronoms de la première et deuxième personne (et le réfléchi
se) viennent avant la troisième personne. Avec les pronoms
de la troisième personne, le pronom complément direct se
place toujours avant le pronom complément indirect. Mais dire
à est indirect en français : Nous ne le lui disons
pas.
Attention à l'emploi erroné des adverbes à la place
des adjectifs. Il faut dire : Elle est très rapide, elle fait
tout rapidement, elle conduit vite, elle mange vite.
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